La Marne, une rivière surprenante...
Un poste en OR : J'accoste doucement sur la berge, je jette les sacs et pose les seaux. Christophe mon collègue m'avait bien dit que le poste n'était pas spacieux. En effet, il semble bien que le rod-pod ne rentrera pas. Et puis la berge est haute de 3 mètres. D'un côté je suis content de voir que ce bief n'est pas une pêcherie ni un dépotoire pour ces soit-disant pêcheurs qui font tant de tort à notre passion... Ici c'est vierge sur pas loin de 2KM. Armé d'une pelle et d'une scie, je me fraie un chemin, j'élague, je terrasse avec comme compagnie une nuée de moustiques prêts pour un festin qui n'aura pas lieu puisque je suis enduit de citronelle! En pleine nature intégration parfaite Un environnement à prendre en compte: Large de 45 mètres en amont et 50/55 mètres en aval de mon spot, la Marne s'écoule vigoureusement dans un lit profond de 3,50m, pas très confortable sauf peut être pour les écrevisses puisque se succèdent zone pierreuse et lisse sablo-caillouteux. Enfin sur ma berge et sur celle d'en face les pentes sont constituées de limon et d'argile sur lesquelles poussent saules blancs, aulnes et frènes. Evidemment cette végétation sous l'impact de l'érosion dûe à de fortes et régulières crues finit ou poursuit sa vie dans l'eau... arbres dans l'eau 60 mètres à gauche et 20 mètres à droite Adaptation vitale: Je fouille dans mon sac afin de mettre la main sur du 70 centièmes fluorocarbone pour la tête de ligne. 160 g minimun plombs plats et tresse gainée. A la vue de ce que me reserve la session j'amare le bateau sous le rod-pod, l'épuisette dedans. Chaque seconde sera décisive. Question amorçage: Il va falloir se la jouer fine, on n'est pas en Seine ici. C'est la Marne et la population de poissons est sans doute différente. Je me laisse descendre au fil du courant et je disperse quelques poignées de bouillettes perso poisson/frolic de 18 et de 24 et un mélange de graines tiger/poids/cahuettes sous chaque obstacle sur 250 métres autour de mon poste. Je suis là pour une semaine, il faut réflechir à moyen terme. Afin de les détourner de leur alimentation naturelle, les poissons doivent absolument en trouver sur toute la zone. Selon mon expérience en rivière, c'est un excellent moyen d'obtenir de bons résultats à la bouillette et cela rapidement. Des montages placés stratégiquement: Du poste que je pêche j'ai devant moi environ 1,5 hectares d'eau à exploiter. Raisonnablement, tendre mes fils trop en aval est dangeureux. J'opte donc pour deux spots différents: Vers l'aval, 2 cannes au niveau de l'arbre noyer mais sur la berge en face à 15 mètres du bord et une au milieu du lit. Vers l'amont, le long de ma berge à 20 mètres du rod pod, au ras des branches. La dernière à la même distance mais au début du lit. Spot amont graine et spot aval bouillette. Les graines dérivant pas mal à cause du courant... En tout cas je couvre toute la largeur de la rivère à 4 cannes. On verra si c'est le bon choix. Qui sème des graines (et des bouilles) récolte... Il est 21H00 le temps est calme, doux en ce dimanche soir. Les 4 kilos de graines ont attirés pas mal de poissons blancs qui s'attaquent même aux bouchées destinées aux mammouths. Les touches se succèdent et j'ai rarement les 4 cannes à l'eau. C'est de la pêche au quiver-tip que je fais et ça ne me plait pas. A tous les coups, les carpes vont flipper de ce remu ménage. Heureusement vers 23H30 accalmie. Je vais enfin pouvoir me reposer de cette journée (trop) bien remplie. Barbeaux et chevesnes non-stop Dans mon biwy tout est prêt pour un départ: centrale sur ON , wadders, lampe, imperméable. Il vaut mieux être bien organiser c'est vraiment la clé de la réussite. Pendant que je fantasme, BBBBIIIPPP!!!! Le rouge innonde ma demi sphère. En deux pas j'ai ouvert la tente, mis les wadders, saute les escaliers de terre, monte dans la barque. Le poisson flirt déjà avec l'arbre noyé en aval... C'est la canne dans le lit la plus proche des obstacles qui a démaré. Le combat est très difficile à gérer: Un fort courant et un poisson très très vif. C'est intense et après avoir couper 2/3 branches je dépose dans le triangle d'Alibaba (surnom de mon épuisette) une jolie mirroir avec une queue de compétition... J'en ai plein les bras mais j'suis heureux, la stratégie paye. 6 heures de présence et first fish. Well, now réamorçage, je replace soigneusement le montage au même endroit avec une big boule de pâte d'enrobage sur le plombs et ZZZOOOUU au Bedchair!!! Pas le droit de se reposer: 45 minutes plus tard Même canne, même effet... petite carpe... mais carpe quand même... Un troisième poisson se décrochera dans un obstacle cette nuit là. Au final je ne dormirai presque pas ... Le lundi sous la pluie (Parodie de Claude François): Le lundi au soleil c'est une chose qu'on n'aura jamais, chaque fois c'est pareil. Quand on est au bord de l'eau, que ça flotte et qu'il tombe des seaux... etc... Bref, je ferais que du poisson blanc toute la journée. Je rappelle régulièrement avec insistance; elles finiront bien par venir. En début de soirée, violent départ devant christophe le courageux qui s'est fait 1h de marche sous la pluie pour venir me voir. Pas de chance pour lui, il ne verra pas de poissons, je décroche... Quelque temps après que mon camarade m'ait quitté, de nouveaux poissons aspireront mes bouilles et viendront faire un peu de gymnastique sur le tapis que je leur mets à disposition. Big ventre belle Couleur ALERTE : Plan hors-sec !! Nous sommes mardi matin. J'apprends que des innondations ont eu lieux dans l'est de la France, précisément sur le bassin versant de la Marne et ça se voit. L'eau devant moi monte d'heure en heure et devient trouble. Mon rod-pod fait trempette, je remonte tout d'un étage. Des souches dérivent au grès d'un courant toujours plus fort. ET il pleut toujours. ( Le mardi sous la pluie... lalala...) Back-Lead ou scions au ciel, que ce soit des touches (chevesne, barbeau) ou du dérivant, ça sonne dans tous les sens. Je suis presque étonné je fais encore du départ. Je décide de ne pêcher qu'à deux cannes près de ma berge. Le niveau grimpant sans cesse je commence à remettre en question la poursuite de la session. L'après-midi, je retire d'ailleurs mes cannes quelques heures... Nous voilà mardi soir, il pleut encore et toujours, je vais me coucher mouillé de la tête aux pieds. A présent le poste est presque complètement sous l'eau. Deux cannes pêcheront cette nuit. C'est amplement suffisant et je ne rappelle plus. J'suis fatigué. En 48H, j'ai déjà 6 carpes et environ 30 poissons blancs à mon actif. Là, j'ai ma dose!! La nuit sera plus calme que les autres. Je mets au tapis que deux barbeaux de 1,5 et 2,5 kg environ. Mercredi 07h00, je constate que la Marne a encore monté de 10cm, soit 80 cm en 24H... Je combats une dernière carpe qui sera prise en photo à coté du biwy: Plus aucun endroit sec pour poser l'appareil numérique en bas de berge... avec un poisson comme ça avant de partir je n'ai, mais alors aucun regret... Du dimanche soir au mercredi matin je totalise 10 départs pour 7 poissons dans l'épuisette. Pour une première sur un secteur cela me va très bien, d'autant que je n'ai pas pêché assidument le mardi avec les conditions défavorables. Je reviendrai bientôt sur ce poste .... A bientôt pour "Meaux le retour". Maco Capa. |