Cet article ne s'adresse qu'aux VRAIs Carpistes, respectueux de la pensée, de la nature, et du travail, ceux qui ont une morale, une conscience. Les pseudos auteurs de magazines en mal d'inspiration et tous les autres parasites merci de quitter cette page. ωωω
Blog de Maco Capa, Philosophie Carpiste. Deviens celui qui observe, et celui qui agit. Tiens-toi en même temps dans le fleuve et sur la berge.
Offertoire ou apologie de l'approche naturelle
« Un jour, tôt ou tard, il faudra raisonner en termes d’équilibre et non plus de croissance, de qualité et non plus de quantité, d’être et non plus d’avoir! Je ne crois pas que l’on pourra pousser les individus à consommer toujours plus de choses dont, au fond, ils n’ont pas besoin pour faire leur bonheur.
Le bonheur, ce n’est pas là qu’il se trouve. Sachons plutôt emprunter les chemins qui y mènent. Jean-Marie Pelt, L'avenir droit dans les yeux, Fayard 2002 Le vent souffle, les oiseaux passent dans un silence riche de bruissements délicats. Les couleurs se mélangent dans mon champs de vision, l'hydromorphose ride les sculptures vivantes. Un monde fragile ou l'hamonie est un perpétuel renouveau, un jeu de concessions, une succession réglée telle une horloge. Une harmonie en apparence, relative. Il faut se plonger dans son règne, s'échapper de la préconception usuelle qu'elle est dans notre société en marge de la réalité. Se plonger dans un monde où la vie s'offre à elle même, une vie pour la survie, une aventure constante... De vastes réseaux verdoyants aux milles dégradés se parent ici ou là de fruits, fleurs, de parfums de goûts, de formes aussi diverses que surprenantes. Cascade de mûres, émergeance de mycètes, chutte d'une prunelle, vol indécit d'un paon du jour. Dans les hautes hélophytes frayer son chemin, caresser les flamboyants iris, surprendre une couleuvre... Là où l'eau remplace la terre, là où se confondent deux univers, rendre invisible sa présence, voir la faune être, se nourrir, se reposer, se reproduire. Ces espaces en dehors du temps semblent appeler l'éternité à les préserver. Tendre la main et cueillir une fraise sauvage, la jetter en aval d'un chevesne, provoquer la "surprise" et l'observer se délécter de la saveur offrande. Constater la réaction de ses congénères. Curieusement alors que nous regardons la nature, c'est la nature qui nous regarde et nous imprègne. Elle devient maitresse de l'âme, elle nous inocule un poison. Notre sensibilité exacerbée par la richesse sans valeur s'empresse de produire des anticorps qui parsèment puis saturent notre sang jusqu'à la moindre molécule de son être et s'attaque finalement à la mémoire ou a toute pensée antropique. Reste alors un homme en marge de tout, sauf de lui même, une main tendue et souvent le regard à l'horizon, allié à la solitude et aimant respirer plus que cela est vital. Ces hommes, ces carpistes, ramassent au sol, dans les arbres, sous les pierres, ils contemplent leur univers. La nature apporte donc tout ce qui rend le carpiste heureux: il y trouve nourriture, inspiration, pleinitude. < un buffet bio, garantie sans conservateur ni peinture...> Presque "normalement" en arrivant au bord de l'eau, je repère donc ce que la nature met à disposition en prenant garde de préserver le milieu lorsque je prélève. Les carpes sont finalement, dans le milieu naturel "vierge" comme ces carpistes. Elle vivent au grée de leurs instincs, elles observent, jouent, cherchent, trouvent, s'inquiètent, elles sont curieuses... Le bruit les attire, l'odeur les allèche. Lors de mes sorties je prends en compte tout ce qui constitue l'écosystème. Les animaux sont sensibles à leur environnement bien plus que l'homme moderne étant donné qu'ils en dépendent à très court terme. Incorporer dans les appâts ces offrandes naturelles et les présenter à un endroit opportun est du coup redoutable. Les méthod mix travaillent vite, très olfactifs ils diffusent tout autour du montage un parfum constitué d'éfluves naturelles. Ma composition unique basée sur les éléments présents dans le biotope de la carpe en font des plats irrésistibles. Le mélange de farines haut de gamme, les fruits, tout est bon! De nombeux types d'appâts sont complètements ignorés. Après avoir longement réfléchi et testé des dizaines de choses j'en suis revenu aux sources. Mes dernières sessions, hormis un détour en Seine m'ont conduit sur la piste de carpes sauvages aux instincs préservés. Les résultats que j'ai obtenu ont été incroyablement satifaisants. Mieux encore, cette approche donne des captures là où le reste... ne marche plus guère. << passer des heures dans l'eau à longer les berges, voir passer devant ses genoux les poissons, suivre leurs déplacements, observer leurs façons de s'alimenter... Je me souviendrai longtemps de ce petit plan d'eau. Arrivant le soir, à peine deux heures avant le crépuscule, je devais rapidement trouver les poissons. La profondeur maximale semblait ne pas dépasser 50 cm. Pour un premier contact avec un lieu on peut être dérouté dans de telles conditions. Au lieu de m'installer en hâte avant la nuit, j'ai décidé de me promener jusqu'à trouver une zone favorable. A l'aube, avec seulement deux cannes, je comptais 4 départs dont un doublé, pour 3 poissons au tapis. Quelques poignées de fruits de sureau et quelques graines ont décidé les carpes à prendre mon montage... L'approche d'une pêche est donc essentielle et les appâts sont donc les fruits de la nature. Je n'entends pas par fruit que ce qui pousse dans les arbres, mais également la nourriture naturelle disponible sous l'eau et sur terre comme les écrevisses, les moules, les vers, les petits poissons blancs, les noix,... (en veillant à ne pas utiliser d'espèces protégées...) Je me souviens aussi de nombreuses sessions durant lesquelles les carpes moquaient mes appats industriels. Je me souviens de mon vieux collègue carpiste Tof (il y a de ça plus de 10 ans), qui arrive pour reprendre mon poste sur lequel j'étais resté 5 jours sans capture (une déroule et quelques bips sans suite). Il arrive donc, part déposer son premier montage et trouve une écrevisse sur le chemin du retour. Devant mes résultats extraordinaires à la bouillette, il l'esche donc ce pauvre crustacé et... le temps de revenir et de tendre la banière, il déroule et met au tapis une mirroir... Cinq jours sans poisson à la bille, 15 minutes et une carpe avec un appât naturel! Il y a 3 semaines, je partais à la découverte des gravières dans le sud Seine et marnais. J'étais impatient de découvrir un spot à big fish. J'arrive comme toujours juste avant la nuit sur un plan d'eau qui me plait... et par chance, je tombe, en me balladant dans l'eau sur un haut fond... avec deux belles communes en stand-by dessus. Je m'imobilise et observe ces poissons que j'estime à 8+ voir 9. Rien, pas de mouvement, elles sont là et c'est tout; l'eau est à peine brouillée autour... N'étant pas seul je me satisfait de ce poste. Je fais donc demi tour et part chercher le biwy, deux cannes, épuisette, tapis... A mon retour les carpes sont parties. Je décide tout de même de pêcher ce haut fond. Le jeu est risqué puisque je n'ai pas fait le tour entier du plan d'eau. Mais après tout, deux poissons de taille "sympatique" sont passés par là... je suppose qu'elles vont revenir et peut être accompagées. Je pose donc 500 grammes de graines sur le haut fond pour une canne et juste en bas de la pente du haut fond 500 grammes de pellets et 15 bouillettes. Et hop au dodo. Je m'attendais à être reveillé très vite... Le lendemain: J'ouvre les yeux et je constate qu'il fait jour. Rien n'a bougé sur les cannes, les graines sont encore là, puisque les eaux sont cristalines et que la profondeur n'exède pas 1 mètre... bref le soir arrive et rien n'a bougé dans la journée à par un mouvement d'eau au fond du plan d'eau. Je décide finalement d'aller voir ce qui s'y passe avec une canne, quelques appats... Et bien voilà que je tombe sur une zone idéale; Arbre noyé, plaque d'herbier, fond irrégulier! Je pose le montage, distribue quelques billes et pellets, un montage équilibré top... Résultat big carpe!! 24h sur un plan d'eau sans rien alors qu'il suffisait juste de chercher un peu pour trouver... (!!!) La prise en compte des aspects naturels, l'approche aura une fois de plus été déterminante.
Ces carpistes qui vivent avec cela, ceux qui s'interrogent, qui aiment l'eau, qui respectent le milieux s'ouvrent des possibilités et s'offrent des satisfactions sans commune mesure (et des communes démesurées ^^ ). Instinctivement nous autres carpistes au naturel nous fuyons nos congénères et le temps d'exil est toujours trop court. Certaines mains tremblent à notre rencontre, d'autres les mains moites et le regard perfide jouent la conivence. Mais le carpiste au naturel ressent comme un prurit à leur contact. Alors, il se dresse de colère ou disparait, telle une carpe pour ne jamais revenir. Je répondrais aussi aux mots de J.M Pelt que le bonheur se trouve au bord de l'eau, parfois pour partager un moment comme avec Carpo91, Phill son ami et son fils, JP93 et son compagnon passionné ainsi que leurs enfants le week-end dernier. Mon bonheur et mon accomplissement de carpiste se trouvera par contre toujours dans la solitude, là où personne ne me trouvera, la nature offre sans vouloir reprendre, elle est honnète, on y trouve la réponse à tous les maux. Elle est un exemple de partage, ses fins sont saines, à l'opposé de l'Homme et sa société. Maco Capa |