Nous sommes le dimanche 11 septembre 2011. Comme chaque année, j’ai pour habitude de prendre mes vacances au mois de septembre. Les lieux touristiques sont moins fréquentés et le temps reste encore clément. Pour cette première semaine de congé, je profite des stages réalisés par ma conjointe sur Marseille, pour partir à la pêche. Depuis plusieurs années, je pars à l’abordage des berges du lac de Pannecière. Il s’agit du plus grand plan d’eau du Morvan, représentant une superficie de 520ha à son plus haut niveau. Cette fois, cela sera la dernière avant un bon moment car la vidange décennale est amorcée depuis le mois de juillet. La pêche de nuit est interdite depuis le 5 juillet et la pêche en tous genres sera fermée au 30 septembre. Je connais très bien la population de carpes navigants tranquillement dans ces eaux. Même si je ne peux pas pratiquer la pêche nocturne, la journée devrait me suffire à réaliser une belle session. Mon réveil sonne à 5h30, je me lève, saute dans mes habits, puis finis de préparer la glacière avec les aliments encore au frigo. J’embrasse tendrement ma chérie et fais route vers le nord en direction de ma destination de pêche. A cette heure-là, il n’y a pas encore beaucoup de circulation, le trajet se déroule très bien. Je m’arrête dans la ville d’Autun pour m’acheter un petit déjeuner à la boulangerie. J’engloutis un pain aux raisins et un pain chocolat et refais route à bord de mon Kangoo. Après 3h30 de voiture et 320km, j’aperçois enfin le début du plan d’eau. Je remarque très vite que le niveau est déjà bien bas. Dans un premier temps, je stoppe mon véhicule sur le secteur de Huard pour me rendre compte du niveau. Le début du parcours est à sec, mais il reste encore de l’eau sur le milieu du lac. J’en profite pour prendre quelques photos, cela peut servir pour le futur.
Je reprends la voiture pour continuer le tour du plan d’eau. Le secteur de Blaisy est occupé par deux carpistes sur la berge encore en pente douce. J’avais pêché ce secteur l’année dernière avec 22m de fond. Il y a actuellement environ 10m de moins, donc encore 12m d’eau. La pêche de nuit étant interdite, je décide de m’installer à un endroit hors secteur habituellement pour surprendre les carpes et changer la routine. Après quelques heures de prospection, je défais mes bagages en dessous du village de Bonin, à quelques centaines de mètres du barrage. La berge est en pente douce pour monter convenablement le bivouac. Je commence par la barque avec l’échosondeur pour être sûr de ne pas faire une bêtise. Je ne voudrais pas m’installer n’importe où ! Ma petite télé m’indique une température de l’eau à 23°C et un fond très à brute, pour finir sur une grande plateforme, formant un chenal de plus de 80m avant de rejoindre la berge d’en face. Le lac est loin d’être vide, il reste encore 20m de fond sur ce poste. Pour ma plus grande satisfaction, je détecte le lit de la rivière Yonne, 70m devant moi. C’était l’un de mes objectifs, la pêche ne sera pas à très grande distance. Je positionne trois repères dans 20m de fond, sur le long de la rivière pour délimiter ma zone de pêche. Je dépose les deux montages du milieu aux pellets de 25mm, puis les deux autres à chaque extrémité à la bouillette pêche et scopex. Il est déjà 13h30, le matériel est opérationnel. J’en profite pour déguster mon repas. Le poisson semble en activité, j’aperçois plusieurs sauts de carpes dans le début d’après-midi. Cela n’est jamais évident de s’installer sur un plan d’eau d’une telle superficie, sans avoir le doute d’avoir fait une erreur sur le poste de pêche. Il ne me faut pas attendre bien longtemps pour être rassuré. J’enregistre mon premier départ vers 16h, sur une ligne échée aux pellets. J’ouvre le bal avec une petite carpe miroir de 6kg. Je relâche ma première prise et replace ma ligne. Vers 17h, le scion de ma deuxième canne de gauche se courbe violement et mon détecteur de touche siffle en continuité. Je prends le moulinet en main pour stopper le tournoiement de la bobine. Le combat donne de toute son ampleur sur la bordure. Le poisson me reprend plusieurs fois du fil lors de gros rushs. Je parviens à glisser ce petit bolide à l’épuisette. Cette carpe miroir est de taille plus respectable que la précédente. Le peson m’affiche le poids de 9.5kg. Soudain, le deuxième détecteur de droite se met à retentir. Je relâche en quatrième vitesse le poisson confortablement installé dans le tapis de réception et saute sur la ligne en train de partir à tout va. Je sors sans trop de difficulté une nouvelle carpe miroir de 8kg. Je replace aussitôt les deux lignes avec un amorçage de rappel. Et bien ! Quel début de session ! J’enregistre un dernier départ avant la nuit, en sortant un poisson de 8kg, aux alentours de 20h. La pêche de nuit étant interdite, je relève les lignes au coucher du soleil. J’en profite pour cuisiner et manger tranquillement. Avec le trajet et l’installation, mes paupières deviennent lourdes. Je ne mets pas longtemps à m’emmitoufler dans mon duvet pour basculer du côté obscur pour que la force soit avec moi demain. Je me retourne plusieurs fois dans mon lit pendant la nuit, puis je suis réveillé par une voiture très tôt dans le matin. Il fait encore nuit, j’entends un pêcheur en train de s’installer sur ma gauche. Je n’en fais pas de cas et mes yeux retrouvent la lumière du jour plus tardivement dans la matinée. C’est les vacances, je me permets une grasse matinée le premier jour. Il est déjà 9h30, il est grand temps de remettre les lignes à l’eau, avec un bon amorçage. J’èche les deux lignes avec deux pellets de 15mm au lieu d’un de 25mm comme la veille. Cela a parfois plus de succès. Je ne m’étais pas trompé, c’est bien un carpiste qui s’est posté à ma gauche. Je vais à sa rencontre pour papoter un peu. Il n’est présent que pour la demi-journée. Le poisson est très actif depuis le lever du jour, les sauts de carpes sont dignes d’une danse synchronisée. Vers 10h, le pêcheur d’à côté enregistre une décroche. C’est à mon tour, vers 11h30, de manquer un poisson bloqué dans un arbre immergé. Une heure plus tard, pendant le départ de mon voisin, ma deuxième ligne de droite déroule. Cette fois, je sors le poisson de l’eau sans contrainte. A partir de ce moment-là, tout va s’enchaîner jusqu’à la nuit. Je n’ai pas une minute à moi, même pour manger, j’ai dû grignoter petit à petit. Les touches se cumulent telle une course de relais interminable. Les deux lignes échées aux pellets déroulent chacune leur tour, pour ne pas dire en même temps à plusieurs reprises. En moyenne, un détecteur de touche retentit toutes les demi-heures. Pour obtenir se rendement de touche, je m’aperçois vite qu’il faut amorcer tous les 2 ou 3 départs. Sinon, le poisson quitte très vite le poste. Quelques poignées de pellets en 7, 15 et 25mm, suffisent à stimuler l’appétit des carpes. Il est 20h30, c’est presque avec plaisir que je ne repositionne pas les cannes pour la nuit. L’après-midi n’a pas été de tout repos. J’ai enregistré 21 touches pour 17 carpes sorties, avec des poids s’échelonnant de 6 à 11kg. Je profite de la soirée pour appeler ma chérie et déguster un bon repas pour reprendre des forces. Avant de gagner les bras de Morphée, je fais un petit bilan de la situation. Seules les deux lignes du milieu échées aux pellets sont actives. Demain matin, je vais décaler ma canne de droite à côté de celle de gauche, pour faire un seul amorçage à la bouillette et à la graine. Je verrai bien le résultat. Avant de m’allonger pour rejoindre le pays des rêves merveilleux, je règle le réveil de mon portable à 6h15. Je dors comme un bébé jusqu’à la sonnerie de mon téléphone. Je positionne les lignes une à une avec la barque et me recouche quelque instant. Il est 8h30, je me lève pour de bon, avec un copieux déjeuner. A 10h, toujours pas la moindre touche. Je replace mes deux lignes aux pellets pour remettre un peu d’action et changer les appâts. C’est à ce moment-là que je reçois la visite d’un garde d’APPMA. Il m’informe que l’utilisation de la barque pour tendre les lignes est interdite. Pour être franc, je connaissais cette partie du règlement que je ne lui cache pas. En pêchant à moins de 70m du bord, je ne voyais pas le mal. Cela n’est pas comme si je tendais les lignes à 300m sur la berge d’en face. Il me comprend très bien et lui aussi constate que je respecte bien les distances de pêche. Mais pour l’étique de la pêche et le respect des autres, je n’utilise plus la barque pour déposer les montages. Je marque aussitôt les fils avec un coup de marqueur noir, afin de fixer les distances de pêche. Je procéderai aux lancers des lignes du bord, près des repères avec un amorçage plus large effectué de la barque. Nous papotons encore un quart d’heure sur la réalisation de la vidange et la réparation du barrage. Il m’explique qu’une digue de 15m de haut va être fabriquée une centaine de mètres devant le barrage, afin de ne plus avoir recours à une vidange complète pour les années futures. Je trouve cela très bien car le poisson ne sera plus détruit ou déplacé, mais préservé dans de meilleurs conditions. C’est une heure plus tard que les hostilités commencent. Je sors un premier poisson de 7kg, puis les départs s’enchaînent une nouvelle fois sur les deux lignes aux pellets. Le temps n’est pas formidable, par alternance de pluie fine et d’éclaircie, mais je n’ai pas le temps de penser à la météo. Dans la matinée, un carpiste installé plus loin vient discuter un peu avec moi. Dans la série de touches de l’après-midi, vers 17h, un combat m’interpelle par sa puissance. Le poisson est bien venu jusqu’à la bordure, mais maintenant il m’est très difficile de lui reprendre du fil. Les rushs se multiplient, un coup à gauche, un coup à droite avec un déplacement très lourd. Je pense avoir affaire avec une carpe de belle taille. Pendant ce temps-là, je suis admiré par une personne âgée qui me tient compagnie depuis quelques heures. C’est au bout d’un bon quart d’heure que le poisson se fatigue et gagne doucement l’épuisette tenue par mon visiteur. A première vue, j’estime le poisson à 12 ou 13kg, je suis même déçu en le voyant. Mais une fois les filets de l’épuisette levés, je comprends très vite que je me trompe. Ce poisson est vraiment lourd. En effet, la carpe est de petite longueur mais sa largeur est impressionnante. Je glisse cette mémère dans le sac de pesé que j’accroche au peson. Je parviens à stabiliser le poids à 18.3kg. J’éclate de joie à la vue de cette merveilleuse indication. Le papi n’en revient pas et moi aussi. Cela fait plaisir au milieu des carpes de 6 à 11kg. Nous procédons à la pose photo et je relâche rapidement le spécimen à son élément. Je viens de battre le record de l’année dernière sur ce plan d’eau, en passant de 15kg à 18.3kg. Super ! En fin de journée, le carpiste de ce matin revient à ma rencontre après avoir plié bagage. Entre les départs, nous discutons encore un peu et me demande à quoi, puis comment je pêche pour avoir un résultat pareil. Je lui explique ma pêche et lui montre les pellets. Il n’avait pas l’air de connaître. Très sympathiquement, il me propose une bière que je déguste avec plaisir. Après son départ, j’enregistre encore quelques touches avant de relever les lignes pour la nuit. Le bilan de cette journée de mardi est encore mémorable. Je réalise 16 touches pour 14 carpes, dont une belle miroir de 18.3kg. Finalement, le fait de lancer les lignes du bord avec précision n’ont rien changé à la pêche. Comme la veille, je contacte ma chérie et mange avant d’aller me coucher. Le réveil sonne 6h15 pour me sortir d’un profond sommeil. Je commence à lancer les lignes les unes après les autres, mais je n’ai même pas le temps de finir que ma première canne démarre. Malheureusement, je manque le poisson au ferrage. Je n’ai pas le temps de déjeuner correctement, je suis interrompu deux fois jusqu’à 8h30. Je pose une carpe de 9kg sur le tapis et en décroche une autre. A partir de ce moment-là, les brèmes deviennent infernales. Je dois faire 10 nuisibles jusqu’à 11h, je reste persuadé qu’elles gênent les carpes sur l’amorçage. J’enregistre tout de même plusieurs touches de carpe dans la journée, mais c’est moins cadencé que les autres jours. Je me demande si je ne commence pas à épuiser le spot d’amorçage. Au bout d’un moment, les carpes doivent bien se douter que cela pique dans le coin ! Enfin, je ne me plains pas, malgré les décroches et les casses. Je réalise 11 touches pour 5 carpes et au moins une vingtaine de brèmes. Je me couche sur cette bonne journée de mercredi pour ouvrir les yeux le jeudi à 6h15. C’est ma dernière journée complète avant mon départ demain matin. Je compte bien encore mettre les bouchés doubles. J’èche mon premier montage de deux pellets de 15mm et positionne la ligne à droite du repère. Soudainement, je ne comprends pas tout ! Je n’arrive pas à tendre la ligne correctement, puis d’un seul coup, la bobine se met à tourner à grande vitesse. Incroyable, il y a déjà une carpe au bout de la ligne ! Je ramène le montage avec une petite carpe commune de 5kg pendue à l’hameçon. La journée démarre bien ! Cette fois, c’est très tôt que je suis bousculé. Pour mon petit déjeuner, je suis obligé d’éteindre mon réchaud à deux reprises pour m’occuper des lignes. J’ai bien cru que je n’y arriverai pas. Je vis une journée de fou ! Les détecteurs de touches sonnent sans arrêt. Vers 11h, je reçois la visite d’une école de pêche constituée d’un moniteur et une vingtaine d’enfants d’à peu près 10ans. L’accompagnateur m’avait aperçu lundi en train de réaliser une belle pêche. Il a profité de cette occasion pour faire une sortie avec l’école pour montrer l’approche de la pêche à la carpe. C’est avec grand plaisir que je les accueille et leur présente cette pêche qui intrigue souvent les gamins. Je commence par le début avec le choix d’un poste de pêche jusqu’à la prise d’une carpe. Les appâts, l’amorçage, les montages aux cheveux, le respect du poisson, le tapis de réception, en finissant avec la pratique du No-kil. Par chance, c’est pendant toutes ces explications que j’enregistre une touche. Je ne vous raconte pas l’exclamation des gamins ! Des vrais puces au bord de l’eau ! C’est avec grande satisfaction que je pose une jolie carpe miroir de 8kg sur le tapis de réception. Pour les plus courageux, j’autorise à caresser le poisson. J’ai bien vu de futurs carpistes en herbe ! Je réponds à plusieurs questions, puis vers 12h, ils me laissent à ma passion en regagnant leur bus. J’ai vraiment passé un bon moment avec eux, je trouve cela super sympa d’apprendre notre pêche aux enfants et leur montrer le respect que nous devons porter aux poissons. C’est un instant que je n’oublierai pas. Vers 12h30, après un départ foudroyant, je débute un combat particulier. Le poisson semble tenir le fond et ne revient pas facilement. Plus il s’approche de la bordure, plus les rushs sont violents. Je tiens certainement un beau poisson. Malheureusement, le spécimen se bloque dans un obstacle dix mètres devant moi. Je saute dans la barque pour tenter de décoincer le fil, mais rien à faire. A plusieurs reprises je laisse la carpe prendre quelques mètres de nylon, mais je vois bien que cela bloque toujours au même niveau. Puis soudain, la casse ! Je suis furax sur ma barque, j’ai certainement manqué un très beau poisson ! Enfin, je reprends mes esprits pour continuer ma session de pêche. J’ai à peine le temps de refaire le montage et relancer la ligne que les carpes ne me laissent pas une minute de répit. C’est départ sur départ ! En début de soirée, Elise m’appelle mais je suis obligé de couper la conversation trois fois de suite. Les touches ne me laissent pas le temps de bavarder avec ma chère et tendre. Je relève les lignes un peu avant 21h pour clore cette journée de fou. Je rappelle Elise pour pouvoir enfin discuter tranquillement. Le bilan de ce jeudi ressemble beaucoup à celui de lundi avec un peu plus de déchets. Je réalise 21 départs pour 14 carpes. Le niveau du lac a baissé d’un mètre depuis mon arrivée. Je sens un obstacle immergé devant moi qui ne me gênait pas au début de la partie de pêche. Je me couche vers 23h pour cette dernière nuit à Pannecière. Il est 6h15, le réveil retenti. Je positionne les èches sur les cheveux avant de lancer les lignes sur les spots d’amorçage. Vers 7h, l’un de mes détecteurs s’emballe, biiiiiiiip !!! Arrivée au pied du rod-pod, je m’aperçois que c’est deux détecteurs qui retentissent d’un bruit sourd. Ce n’est pas croyable, j’ai deux touches en même temps ! Je saisis l’une des cannes et laisse l’autre faire sa vie. Au bout de quelques minutes, je sors le premier poisson que je relâche rapidement. Je prends alors la deuxième canne pour prendre contact avec le poisson qui a bien eu le loisir de slalomer les obstacles immergés. J’ai beau faire de mon mieux avec mon embarcation, la casse est inévitable. J’enregistre encore quatre touches avant 10h. Si je veux rentrer pas trop tard, il faut se faire une raison, je dois commencer à plier bagage. J’enlève les lignes de l’eau et range minutieusement mon matériel. Il est 11h30, le Kangoo est chargé avec plus de 75kg de pellet en moins. Je ne regrette pas d’être venu dire au revoir au lac de Pannecière. Cela a été ma plus belle session de pêche réalisée sur ce site magnifique. Le temps des travaux et du rempoissonnement sera long. Il faudra certainement attendre 5 ou 6 ans avant de retrouver une pêche intéressante. Pour cette partie de pêche, je comptabilise 76 départs pour 55 carpes avec un poids total de 412kg. Je suis juste un peu déçu de la moyenne à 7.5kg, malgré mon record à 18.3kg. J’avais fait une moyenne bien supérieure l’année dernière sur le secteur de Blaisy. Au revoir Pannecière !
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