Nous sommes le 14 juillet 2011. Sur l’agenda de notre club Suncarpe 26, cette date est réservée depuis plusieurs mois. Nous allons effectuer une sortie club un peu inhabituelle. Notre destination de pêche n’est pas le Rhône, ni un plan d’eau des environs. Nous avons réservé le plan d’eau privé de Rumilly, situé entre Chambéry et Annecy dans le département de Haute-Savoie. Cet endroit de prédilection n’est pas un hasard, mais dû à la connaissance des lieux par deux membres du club : Guillaume et Jaja demeurent non loin de ce plan d’eau. Le lac abrite un nombre phénoménal de carpes, d’esturgeons et d’amours blancs. Cela devrait représenter un beau weekend de pêche, avec une multitude de poissons posée sur le tapis de réception. Avec grande impatience, nous sommes enfin le matin du 14 juillet. Vers 7h15, Nouveau ainsi que Greg et Vanessa me rejoignent devant mon garage, pour charger mon matériel. La Laguna break a le coffre grand ouvert pour accueillir mon équipement de pêche. Heureusement qu’il reste de la place dans l’utilitaire de Greg et Vanessa, pour prendre le surplus n’entrant pas dans la véhicule de Nouveau. Après un gros bisou à ma chérie, nous décollons pour retrouver les autres membres de club, à l’aire de repos autoroutière de Chambaran, près de Saint Marcelin. Nous sommes sur place aux alentours de 8h15. Tout le monde est à l’heure, l’excitation de ce weekend a réveillé les papilles. Le prochain lieu de rendez-vous est la sortie d’autoroute de Voreppe, pour rejoindre Laurent et JME (Jean-Marie). Sur le trajet, mon téléphone portable retenti. C’est Guillaume dans la voiture de devant. D’un air par très rassurant, il m’annonce une pollution sur le plan d’eau avec l’interdiction de pêcher. Je crois immédiatement à une blague de sa part, mais malheureusement cela n’est pas le cas. Nous nous arrêtons tous à l’aire de repos la plus proche vers Grenoble, pour faire un point. Nous sommes tous dépités suite à cette annonce. Il est impossible de nous couper dans notre élan en si bon chemin ! Nous essayons de contacter Denis, le garde du plan d’eau. Après quelques minutes d’attentes, les nouvelles sont bonnes. C’est simplement un article dans le journal qui a fait mouche pour les habitants du coin. Il ne s’agit pas d’une pollution, mais une très mauvaise idée de l’APPMA. Ils ont fait un lâcher de truite venant d’une eau approchant une température de 15°C, dans le plan d’eau à plus de 25°C . Le choc thermique a été fatal pour les truites. Enfin, plus de peur que de mal, nous pouvons continuer notre ascension vers notre lieu énigmatique. Nous arrivons sur place vers 10h30. L’excitation de mettre les lignes à l’eau est à son apogée. Avant tout, nous discutons avec le garde pour les différentes lignes du règlement de pêche, puis faisons un tour du lac pour découvrir les cinq postes de pêche mis à notre disposition. Avant d’attaquer les hostilités, nous avons amené chacun une partie du pique-nique, pour le déguster ensemble. Nous nous attribuons tous un poste et partons nous installer. Poste n°1 (Skateparc) : Moi et Nouveau Poste n°2 (Saule, à droite de la partie baignade) : Sylvain, JME, Laurent et Dorian Poste n°3 (Karting, à gauche de la partie baignade) : Vanessa, Greg, Xavier et Olivier Poste n°4 (Ponton) : Les deux Séb Poste n°5 (La boue) : Guillaume Je vais m’occuper de la partie gauche du poste et Nouveau s’installe à droite. Mon premier réflexe très logique est de monter une canne pour sonder le fond qui se présente à nous. Je m’aperçois très vite que les herbiers sont abondants devant notre secteur de pêche. Avec quelques échos des habitués, la pêche s’effectue assez loin derrière les herbiers la journée et en bordure la nuit. Après de multiple lancers pour sonder la zone, j’en déduis qu’il va falloir exploiter la longue distance. Le fond devient intéressant à partir de 100m du bord. Avant, c’est la jungle aquatique. Pour commencer, je positionne mon repère sondeur à 110m du bord. Je poursuis mon installation en eschant deux lignes aux pellets de 15 et 25mm et les expulsent à droit et à gauche du repère. En ce qui concerne la troisième canne, je la dépose délicatement au pellet de 25mm, à 10m sur ma bordure de gauche derrière un arbre. Enfin, je procède à l’amorçage. Je prépare un mélange de pellets en 7 et 15mm avec des bouillettes et du frolic. Pour la bordure, j’arrose la zone sans difficulté avec ma pelle, mais pour les deux autres lignes, c’est plus compliqué. Je sors ma canne à bait-rocket muni d’un Spomb.
Après quelques lancers de réglage pour la distance, je clipse mon fil dans le moulinet. De toute manière, je suis quasi à fond de canne. J’éparpille ma mixture autour du repère à la force de mes petits bras. Si ça, ce n’est pas du sport ! De son côté, Nouveau exploite la bordure de droite et un haut-fond à 50m devant lui. Il est 14h, les lignes sont en action de pêche. Dans les minutes qui suivent, nous entendons un sifflement de détecteur sur la berge d’en face. C’est Vanessa qui se lance dans un sprint jusqu’à son rod-pod. Elle bataille pendant un bon moment avec son premier poisson. Elle débute tout juste la pêche à la carpe avec son copain Greg. La carpe est dans l’épuisette, et quelle bête !!! Le premier poisson de la session en commun fait un peu plus de 20kg, une belle miroir. Le ton est donné ! Vanessa ne s’arrête pas là, elle commence à enchainer les départs les uns après les autres. Soudain, j’ai une petite série de bip sur ma canne de droite, mais cela en reste là. C’est vers 15h15, que mon détecteur du milieu s’emballe pour de bon. Je saisis la canne pour stopper l’élan du spécimen. J’engage le combat avec le poisson en le faisant traverser les herbiers. J’espère que l’hameçon est bien piqué. Je dépose ma première carpe sur mon tapis de réception. Mon peson affiche la valeur de 11kg. Cette première prise me rassure dans le positionnement de mes lignes. J’avais un peu peur que les montages soient encore dans les herbiers. A 110m du bord, il est difficile de connaître parfaitement l’état de surface du fond. Pour le moment, c’est les postes n°3 et 4 qui déroulent le plus. Je sors un deuxième poisson de 11kg vers 21h15 et un troisième de 6kg à 23h. Ce n’est déjà pas trop mal pour quelques heures de pêche. A la suite de ma dernière prise, je gagne mon duvet. J’ouvre plusieurs fois les yeux dans la nuit, mais toujours rien à signaler. Au beau milieu de la nuit, j’entends l’un des détecteurs à Nouveau se mettre à retentir. Je vais moi-même ferrer le poisson car Nouveau est dans un coma profond. Je sens à peine deux coups de tête, puis le poisson se décroche, zut ! Le jour se lève peu à peu en estompant les bruits de la nuit. Je replace les lignes et dévore un bon déjeuner. C’est toujours sur le poste n°3 que l’activité est la plus grande, mais la nuit a porté ses fruits sur le poste n°4. Plus de la moitié des pêcheurs ne sont plus capot.
Dans la journée de vendredi, c’est Vanessa, Greg et Dorian au poste n°2 qui déroulent à tout va. Le poisson navigue autour de la partie baignade, fouillant les fonds troublés par les nageurs. En milieu d’après midi, je relance une campagne d’amorçage. Malgré un brin d’arracher en gros nylon, au bout d’une demi-heure, mon doigt commence sérieusement à me faire mal. Il faut vraiment que je trouve un moyen de me protéger le doigt, pour lancer les lignes à grande distance. Il faut attendre 17h45 pour enregistrer un nouveau départ. Malheureusement, la touche se traduit par une décroche dans les herbiers. Mon doigt me fait tellement mal que c’est Olivier en visite sur mon poste, qui me relance la ligne. Je reprends la canne et la pose sur le rod-pod. C’est incroyable, je n’ai pas le temps de mettre l’écureuil. La bobine du moulinet se met à tourner à toute vitesse, mais le scénario précédent se reproduit à l’identique, je perds aussi ce poisson. Peu de temps après, vers 18h30, j’arrive enfin à sortir une carpe de l’eau, une petite miroir de 7kg. Le poisson est en train de se déplacer vers le poste n°2, JME et Laurent enregistrent plusieurs départs en très peu de temps. Pour le repas du soir, je prépare une bonne ratatouille maison avec des pavés de porc. Après un bon repas avec Nouveau, nous allons nous coucher la peau du ventre bien tendue. J’ai à peine le temps de m’assoupir, que l’un de mes détecteurs s’emballe. Il est 23h30, je sors de l’eau une carpe miroir de 10.5kg. La suite de la nuit, c’est Nouveau qui déroule toutes les heures. Comme la plupart des poissons piqués sur notre poste, la moyenne est aux alentours de 8 à 9kg. Ce samedi matin, tous les pêcheurs du club ont fait du poisson, plus personne n’est capot. Vers 10h, j’enregistre un nouveau départ sur mes cannes. Je parviens à ramener le poisson presque jusqu’au bord, mais soudain la carpe fait le tour d’un gros herbier. Il m’est impossible de faire quoique ce soit, la casse est inévitable. Quelques minutes plus tard, Nouveau déroule à son tour. Malheureusement, comme moi, le poisson se cale dans un herbier. Plus courageux, il décide d’aller décoincer la ligne à la nage. Il parvient à débloquer sa ligne avec un petit esturgeon au bout de l’hameçon. Nous sommes le samedi 16 juillet, je rapatrie une bonne partie du club sur mon poste, pour fêter mes 31ans autour d’un apéro. Vers 14h, je suis sur le poste n°4 pour rentre une petite visite à mes voisins. Comme d’habitude, c’est quand on s’éloigne des lignes que sa déroule ! L’un de mes détecteurs siffle à ne plus en pouvoir. Je démarre un sprint d’anthologie jusqu’à mon poste de pêche. Le poisson a pris beaucoup de fil, mais j’arrive sans trop de mal à sortir une carpe miroir de 8kg. Je relance ma ligne et pars vite récupérer mon level-chair laissé sur le poste d’à côté. J’ai à peine le temps d’arriver, qu’un détecteur s’emballe à nouveau. Grrrrrr !!! C’est reparti pour un sprint jusqu’au rod-pod. Je sors la sœur jumelle de la carpe précédente, encore 8kg miroir. Cette fois, je reste sur mon poste à attendre la prochaine touche. Il faut patienter jusqu’à 18h et 19h pour les départs suivant. C’est encore deux poissons de 8kg enregistrés sur mon tableau de chasse. Décidément, les grosses carpes ne sont pas chez nous !
A la tombée de la nuit, un de mes écureuils fait une grosse chute. La touche retour est violente. Je prends contact avec le poisson et sors mon premier petit esturgeon de 4kg. Comme les soirs précédents, j’ai un départ vers 23h, mais le poisson se dépique dans les herbiers. Je programme mon réveil à 1h, puis à 5h pour amorcer et changer les pellets des lignes. Il faut attendre 6h du matin pour entendre un détecteur sonner, sous la pluie. Je sors du duvet et me saisis de la canne concernée. Instantanément, une deuxième canne se met à dérouler. J’arrive à faire sortir Nouveau du lit, pour venir m’aider. Ma carpe se dépique devant l’épuisette et Nouveau sort un poisson dans la moyenne habituelle. La pluie tombe à grosse goutte, le chemin devient vite une piscine boueuse. C’est la dernière ligne droite avant de plier. Avec une grande motivation, je replace mes lignes et réamorce. Cette action est plus que payante. J’enchaîne départ sur départ sous la pluie battante. Je n’enregistre pas moins de sept départs jusqu’à 11h, avec des poissons allant de 8 à 11kg. Il est l’heure de se faire une raison, il faut plier sous la pluie. Le moral n’est pas vraiment bon. Tout est trempé, les biwis finissent en boules dans la voiture avec le reste du matériel en train de s’égoutter dans le coffre de la Laguna. Nous partons nous changer aux sanitaires du lac pour enfiler des habits secs. Pour clore cette session de pêche avec le club, nous rejoignons le reste du groupe sur le parking, pour aller manger un morceau chez Mac Do. En comptabilisant la totalité des prises, nous approchons la tonne de poisson. Ce n’est pas trop mal, mais nous espérions faire beaucoup mieux. La pression de pêche s’est fait ressentir sur le lac. Il y avait pas moins de 39 lignes tendues sur l’ensemble du plan d’eau. Je suis tout de même satisfait de ma pêche, car la longue distance précise à portée de canne, n’est jamais simple à réaliser. J’enregistre sur ma batterie de canne, 21 départs pour 15 poissons sortis. |