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Nous arrivons donc lundi matin sur la gravière et là encore surprise, aucun carpiste installé. Première bonne nouvelle au moins. Toute la superficie pour nous tout seul, où allons-nous nous installer ? Les choix de poste sont multiples et finalement nous en choisissons un qui nous permettra de changer de pêche en cours de semaine si cela est nécessaire. Après un sondage en règle, nous tombons sur un spot qui nous paraît prometteur. Un fond qui monte jusqu'à 2,50 mètres et qui tombe à 4 mètres en à peine quelques tours de manivelles de moulinet. Un véritable mur s'étale devant nous, et ce sur une bonne longueur. On pourra l'exploiter tout les deux et allier notre approche. Les carpes doivent certainement passer au pied de cette cassure, j'appellerais cela une sorte de couloir de liaison entre deux zones(soit de tenue ou de nourriture).

Nous allons amorcer ce spot avec des pellets de 9 et 15 mm pour créer tout de suite une zone olfactive très marquée afin d'attirer au plus tôt le poisson blanc. Nous y déposons aussi quelques bouillettes sur une base carnée et avec un mix prévu pour une pêche à moyen et long terme. On est là pour une semaine et on va laisser travailler les bouillettes tranquillement sous l'eau, nul besoin de se presser. Je place une canne sur le haut fond et une au pied de la cassure, histoire de voir où les carpes passent. Je plancherais plutôt pour le bas qui me paraît être un guide naturel. Ma troisième et dernière canne sera quant à elle mise au plus près d'une île entre de petits herbiers immergés. Les carpes s'y sentent généralement en sécurité et les poissons y sont assez souvent.

La première nuit est plutôt timide et seulement 2 carpes de prises, une sur chacun de nos coups respectifs. Une sur le haut et une sur le bas de la cassure, difficile pour le moment de savoir où elles passent réellement. Mais ce qui nous chagrine le plus, c'est qu'une des deux carpes est pleine de laitance et nous laisse quelque peu coït. Nous replaçons cependant nos cannes pour une journée qui s'annonce extrêmement chaude. Le soleil est à son apogée quand Adrien m'interpelle. Il vient de voir des carpes rassemblées sous des arbres immergés, un signe annonciateur de catastrophe pour la pêche. Les carpes se préparent bel et bien pour une seconde frai. La première ayant aussi été interrompu par la pluie et les baisses de températures que cela engendra. La fin de journée fût tendue et une question venait nous hanter l'esprit. Arrêter ou continuer la session ? La malchance me poursuivrait-elle ? Troisième fois qu'une de mes parties de pêche est dérangée par la frai.

Finalement nous changeons totalement notre stratégie de pêche et restons jusqu'à la fin de la semaine. Cela payera t'il ?

En ce début d'automne, c'est décidé, je passerai mes quelques week-end de pêche qu'il me reste sur notre gravière locale avec une approche bien spécifique. Je n'ai pas sorti les cannes cet été, la semaine prévue à Pannecières avec Fabien fin juillet a dû être annulée en raison de la canicule qui a sévit à cette période. Nous avons jugé inutile de nous rendre dans le Morvan avec de telles conditions climatiques : 35°C à l'ombre, un soleil de plomb et surtout pas de vent. Bref, un temps à ne pas mettre un carpiste dehors à cette saison ! C'était ma seule semaine possible en 2006 pour assurer une session en grand lac, dommage…surtout que la semaine suivante, la météo était déjà plus propice.

De son côté, Seb a son calendrier rempli sur septembre - octobre et a prévu de nombreuses et belles sessions sur plusieurs semaines, il ne pourra m'accompagner. Je l'informe de mes intentions, et il est entendu que l'on se tienne informé des résultats de chacun.

En fonction de mon activité professionnelle et donc de mes disponibilités, je programme 3 week-ends de 3 jours sur notre gravière locale, répartis entre septembre et octobre. Je choisis de pêcher mon poste habituel et de procéder à un amorçage d'accoutumance à partir de fin août sur un coup, composé uniquement de bouillettes, tandis que mon autre coup sera pêché au spot, sans amorçage. Ce poste est productif mais j'espère que cette technique me permettra de toucher des poissons d'un poids supérieur.

Depuis plusieurs années que l'on pratique cette gravière avec Seb, nos plus grosses prises atteignent environ 15 kilos et la moyenne se situe aux alentours de 7 kilos. Avec une bonne connaissance du plan d'eau et des résultats réguliers en nombre de départs, l'objectif est de toucher de plus gros poissons tout en augmentant le nombre des prises et à fortiori la moyenne. Le challenge est de taille, mais réalisable.

Il faut préciser que la pression de pêche est forte tout au long de l'année. Par cette approche j'espère pouvoir me différencier. Je sais que le poste pourrait être occupé au moment ou je voudrai m'installer, mais c'est un risque à prendre. Ne disposant pas du temps nécessaire pour rouler mes propres bouillettes, mon choix d'appâts se porte sur une marque du commerce avec des produits que Seb utilise et qu'il m'a déjà recommandé. Connaissant son gout pour la qualité des produits, et compte tenu de ses résultats, je suis ses conseils. Cet amorçage préalable sera journalier et environ 1 Kilo de bouillettes sera ainsi dispatché chaque matin sur mon coup. C'est avec impatience mais aussi avec une certaine excitation que j'attends ce premier week-end de pêche d'automne...

En ce dimanche du 19 novembre, je n'avais pas réellement prévu de session de pêche mais cette petite gravière m'attirait. Je ne l'ai encore jamais pêché et c'est peu être la bonne occasion. Elle fait environ un hectare avec des profondeurs oscillants entre 8 et 9 mètres. Sur la berge, où l'on s'installe, la bordure passe de 30 cm d'eau à plus de 8 mètres en seulement quelques centimètres. Un véritable mur s'étend sur toute la longueur du plan d'eau. Par contre la berge d'en face est boisé sur sa totalité et sent la carpe à plein nez. Des arbres avec des branches tombantes dans l'eau qui procurent un espace de protection pour les poissons. Il est ici très difficile d'échosonder à la canne car les fonds sont recouverts d'herbiers très denses. Une herbe verte qui ne s'est encore pas décomposée, elle est très dure et il n'est pas simple d'en ressortir le plomb et le marqueur. On découvre de temps à autre des petites trouées mais elles me semblent minuscules. La partie de pêche s'annonce très technique et n'est pas pour me déplaire. Trop compliqué de pêcher dessus pour une première approche. J'installerais deux cannes sur la bordure boisée et une à mes pieds, elles seront toutes les trois sur le fond de la cassure car il me faudrait plus de temps pour passer en revue la zone intermédiaire. Je dois plier vers 14h00 alors je pare au plus pressé.

J'installe des bas de ligne en flurorocarbone sur mes montages et esche un pellet de 25 mm pour deux cannes et la dernière se verra offrir deux petites bouillettes de 14 mm. L'amorçage sera simple car il sera composé seulement de pellets dans un sac soluble. Je finis juste de lancer quand la pluie se met à tomber, elle ne me lâchera plus de la journée. Il est 10h00 et toujours aucun bip, je commence à douter et me décide à repasser le marqueur car deux de mes montages ne pêchent pas du tout. Ils sont pris dans les herbiers. Je passe une heure sous la pluie à trouver une zone plus propice à accueillir mes bouillettes. Ce n'est pas évident car il me semble maintenant que tout est en herbe, je ne comprends plus rien. Je continue ma pêche et esche des flottantes que je lancerais au plus près de la berge boisé, les herbiers commencent à se développer très tôt après la pente. Je les décollerais de 30 cm, juste au dessus des herbes. L'autre retrouvera sa place initiale à mes pieds car c'est la seule qui pêchait correctement. A midi tout est en place, j'en profite pour me changer car je suis trempé et me concocte un repas bien chaud pour me remettre.

Déjà 14h00, je devrais déjà être parti et plie doucement mon matériel. J'ai déjà rangé deux cannes lorsque le dernier détecteur allumé entonne un joli bruit. Un départ sur une des flottantes, pas le temps de prendre la canne que la carpe s'est déjà engouffré dans les herbiers. Je suis tanqué, j'essaye temps bien que mal de l'y extirper mais je ne récupère pas de fil, mince. Je tente le tout pour le tout en mettant plus de pression mais le bas de ligne en fluorocarbone finit par céder. La carpe repart avec seulement un piercing qu'elle perdra très vite. Première session et premier départ, ce n'est pas si mal malgré cette fin malheureuse. Je ne m'attendais pas à toucher un poisson avec la météo qui avait réellement changée.

Je retenterais ma chance l'année prochaine car ma saison de pêche va bientôt se terminer pour retrouver une vie un peu plus stable. Il est temps de sortir un peu le week-end et redécouvrir la gente féminine. Ce n'est pas à la pêche que l'on trouve sa dulcinée, il y a encore trop peu de pêcheuses sur les rives de nos lacs et rivières de France. Dommage.    

Je vais dorénavant enchaîner les pêches de journée uniquement. J'ai encore deux jours de congés, les 14 et 15 novembre 2006. Je me dirige, comme prévu ce week-end, vers cette gravière qui m'a donné du fil à retordre lors de la dernière session. Je ne me décourage jamais alors c'est totalement confiant que j'installe le matériel. La journée devrait être douce et ensoleillé pour la saison. Je placerais deux cannes sur chaque coup amorcé à l'avance, histoire de voir si les carpes sont là. L'eschage se fera avec les fameuses bouillettes monster crab, pour ne pas changer. Les deux postes sont quelques peu identiques en ce qui concerne la nature du fond. Des herbiers en décomposition avancée(ce qui plaît aux poissons ces derniers temps) avec langues de graviers où il faut déposer ses montages. Ce n'est pas une mince affaire mais à force d'entraînement cela devient un jeu d'enfant. Les quatre cannes pêchent à 7h30 et l'attente commence en scrutant la surface de l'eau. Les blancs sont actifs mais les carpes sautent sur la grande partie du lac, comme souvent. Ai-je fais le bon choix en m'installant ici ?

Le temps est trop calme, pas de vent ou de brise pour casser cette monotonie. Eole est un allié sur cette gravière. De plus des carnassiers s'installent autour de moi car il paraît qu'il n'y a qu'ici que le poisson mord. J'attire toute la connerie du monde en ce moment, je me résigne à les laisser faire. J'ai bien senti le coup car il n'y a qu'eux qui m'apporteront des départs dans la journée. Trois dans la seule après-midi, ce n'est pas mal. La pêche à la cuillère est rentable en ce moment. Heureusement les brochets, perches et sandres auront eux la vie sauve. Je plie et rentre à la maison en réfléchissant à ce qui n'a pas coller aujourd'hui. Demain je me rapprocherais des sauts aperçus, en changeant de poste, et opterais pour une autre approche sur deux cannes.

La nuit fût courte mais la fatigue est moindre lorsqu'il s'agit d'aller à la pêche. Je m'installe de l'autre côté de l'île, comme lors de ma première session du mois d'octobre. Je ferais deux coups séparés, le premier au abord de l'île et le second sur ma droite à courte distance. Je place donc deux cannes à la bouillette dans les herbiers de l'île, montage bonhomme de neige et flottante comme à l'accoutumé. Et sur les autres, un pellet de 25 mm que je lance à 40 mètres du bord dans un sac soluble rempli de pellets de 15 mm. Non loin des sauts vus la veille. Un fort vent du sud souffle fort dans ma direction et m'oblige à me protéger dans le biwy. Je suis maintenant certain que les carpes vont bouger.

L'attente ne fût pas très longue car les pellets et le vent ont déjà fait leur travail. Une belle miroir de plus de 11 kg pour attaquer la journée. Il faudra un peu plus longtemps pour que la deuxième me montre le bout de ses nageoires. Elle est ma première commune depuis deux mois et pèse un peu plus de 13 kg. Elle m'offrira un combat de tous les diables et je pensais vraiment  tenir un poisson d'au moins 20 kg. Je ne vais pas faire la fine bouche pour autant. Une défense comme celle là j'en redemande à chaque session et à chaque poisson. Et je le redis encore peu importe le poids pourvu que je prenne un maximum de plaisir. La compensation est là. Je ferais un poisson supplémentaire pendant le fameux coup de midi, encore une bonne dizaine de kilos. Cette miroir sera la dernière de cette session mais me rassure pour la suite. Encore une très belle journée avec une moyenne à plus de 11 kg, merci Franck(c'est mon boss) pour les congés que je pose quand bon me semble.