Nous sommes le lundi 9 août 2010. Depuis une semaine, je suis en arrêt maladie pour une paralysie faciale gauche. Un phénomène inexpliqué par les médecins, virus, courant d’air ou encore choc émotionnel peuvent en être la cause. Enfin rien de bien grave, mis à part 3 à 4 semaines de repos. Je profite de ce temps pour trouver le calme de la nature au bord d’un plan d’eau à proximité de chez moi. Je prépare ma session le lundi matin en faisant cuire une dizaine de kilos de maïs et deux kilos de noix tigrées. Les graines sont une obligation dans cette gravière. Il faut compter sur la présence de millier de petits moustachus, nommés poissons-chats. Je suis sur les lieux le lundi en fin d’après-midi, sur les coups de 18h. Je m’installe sur le côté nord du plan d’eau. Une zone de pêche peu profonde avec de nombreux herbiers. Je dispose mes cannes sur des piquets individuels pour exploiter un maximum de possibilités de pêche. Je dépose mes lignes les unes après les autres avec l’aide de mon fameux Tabur orange. Je présente trois lignes dans 1m d’eau sur des tâches de graviers. Avec mes lunettes polarisantes, je vérifie la présentation des montages au fond de l’eau. Pour la dernière canne, je décide de faire un montage tricheur avec une noix tigrée et une bouillette fluo-pop ananas. Je pose la ligne dans 2m d’eau sur des cailloux. La nuit a raison du soleil et mes yeux se ferment. Je suis sorti du lit à minuit. Mon détecteur à led verte s’emballe. Avec le tapis d’herbes bien implanté sur ce plan d’eau, le bateau est indispensable. Je saute dans ma barque pour rejoindre le poisson. La ligne est enchevêtrée dans les herbiers sur plus de 30m, un vrai carnage. Au bout de quelques manipulations, je prends contact avec la carpe qui m’attendait soigneusement dans un tas d’herbes. Le poisson est déjà très fatigué, le combat est bref. Je sors une petite commune de 8kg. Je replace la ligne au même endroit avec un petit montage esché à la black tiger. Vers 2h du matin, c’est au tour de ma deuxième canne de droite de montrer signe de vie. Le détecteur sonne pendant quelques secondes, puis plus rien. Le poisson doit être dans l’herbe ? Du haut de mon embarcation, je parviens à me débarrasser des herbiers néfastes. Que vois-je arriver à la surface ? Mon bébé koï ! J’hisse ce magnifique poisson sur le tapis de réception. Pour la petite histoire, en 1999, j’ai sorti du Rhône cette carpe koï au poids de 5.6kg. Afin de sauvegarder ce chef-d’œuvre de la nature, je l’ai relâché dans ce plan d’eau plus calme et à l’abri des prédateurs. C’est avec grand plaisir que cette carpe vient regagner mon épuisette, après 11ans de liberté. Je la pèse à 6.5kg, certainement son poids de maintien. Je photographie ce bijou halieutique, puis la relâche. J’ai du mal à me remettre de mes émotions, personne n’avait repris ce poisson depuis le Rhône. Je pense qu’elle est venu me faire un petit coucou d’amitié. Vers 4h, je suis réveillé par un bip et la brillance d’une led verte, mais rien de plus. Je me rendors aussitôt. Je termine ma nuit dans les bras de Morphée. Je réouvre les yeux seulement à 10h pour le petit déjeuner. Je retends les lignes sur les coups de midi. Il ne reste plus une seule trace des amorçages, les poissons-chats et autres nuisibles se sont bien régalés. Même la pop-up a été dévorée par les moustachus. Mais une ligne me réserve une surprise. La fameuse led verte de cette nuit ne s’est pas allumée pour rien, il ne s’agissait pas d’un bip anodin. En croyant relever simplement la ligne, je retrouve le montage coincé dans un gros herbier 5m à droite de ma zone de pêche. Mais depuis la sonorité de mon détecteur à 4h, le poisson a eu tout le temps pour s’emparer de l’hameçon en me sectionnant le bas de ligne. Futée cette carpe ! La journée est très calme. Il faut attendre la nuit pour observer de l’activité sur le plan d’eau. Lors de la deuxième nuit, il faut patienter jusqu’à 2h pour entendre à nouveau un son de détecteur de touche. C’est la ligne de droite qui déroule. Une carpe a ingurgité mes noix tigrées équilibrées. Le poisson se faufile entre les herbes, mais je parviens à le mettre au fond de l’épuisette. Je dépose une commune de 9kg sur le tapis de réception. Vers 4h, c’est au tour de la canne de gauche. Pendant la journée, j’avais pris soin d’installer ma bouée tyrolienne pour survoler les herbiers sur plus de 80m. Suite au départ sur cette canne, je rame jusqu’à la bouée pour dégager le nylon du mousqueton. J’engage le combat avec le spécimen. C’est avec grande difficulté et un bon quart d’heure que j’hisse une nouvelle commune de 10kg. Je replace la ligne et m’emmitoufle dans mon duvet. Je sors du coma à 11h. La journée est agréable avec un joli ensoleillement, mais rien à signaler du côté des carpes. Pour la troisième nuit, j’ai soigneusement replacé les lignes vers 15h et amorcé à 19h.
C’est à 23h que le bal est ouvert. La ligne en tyrolienne déroule sans s’arrêter, je ferre et saute dans la barque. Le poisson a tracé tout droit dans les petits herbiers de bordures. Une chance car ils sont moins denses que les autres. La carpe ne se laisse pas manœuvrée à mon goût, un coup à droite, un coup à gauche, pour finir dans l’épuisette. Le poids me semble déjà plus intéressant. Je pèse cette carpe commune à 13.5kg, je la mets au sac de conservation pour des photos demain matin. Soudain, pendant que je suis au beau milieu du plan d’eau en train de replacer la ligne, j’entends un détecteur s’emballer. Zut ! C’est la rouge ! Puis c’est au tour de l’écureuil bleu de faire du yoyo. C’est la panique ! Je reviens à toute vitesse à la rame. En ce qui concerne la ligne au détecteur à la led bleu, je pense qu’il s’agit d’un blanc. Je choisis de saisir l’autre canne suite au violent départ. Mais malheureusement, il est trop tard, le poisson s’est libéré de l’hameçon. Je n’ai pas le temps de replacer la ligne. La led jaune de mon détecteur s’allume et l’écureuil fait une chute à couper le souffle. Je prends la canne et file sur la surface de l’eau. Je sors une belle tanche de plus d’un kilo. Une heure plus tard, tout est de nouveau en action de pêche. Quel mouvement d’activité ! A 3h, le son de mon détecteur à led jaune me sors du sommeil. Après un combat sympathique, je mets au sec une miroir de 9.5kg. La ligne redémarre à 6h, j’extrais de l’eau une petite commune de 4kg. Comme la veille, je prépare la quatrième et dernière nuit vers 15h, en replaçant les montages. Après un petit festin de soirée, me voilà avec la peau du ventre bien tendue. A ma grande surprise, je n’ai pas le temps d’entamer ma digestion. Il est 21h, ma deuxième ligne de gauche démarre. Je saisis la canne et pars à l’abordage. Pour ne pas changer, le poisson slalome les herbiers à ne plus en finir. Les rushs sont puissants entraînant la barque sur plusieurs mètres. Enfin j’aperçois la bête et quelle bête ! Elle monte plusieurs fois à la surface avant de la rendre prisonnière des filets. C’est une très belle miroir, certainement supérieur à 15kg.
J’hisse le poisson dans l’embarcation et regagne mon campement. Le peson se stabilise sur 18.5kg, me permettant de rajouter 500g à mon record en carpe miroir sur ce plan d’eau. Même avec le ventre plein, j’accepte volontiers un dessert comme celui-là. Ma ligne de gauche refait des siennes à 3h, je sors une nouvelle commune de 8kg. Je me lève et déjeune vers 9h, puis commence à plier bagage. Je rentre chez moi à 11h30. J’ai vraiment passé une très bonne session de pêche. Le temps était très beau avec des températures estivales et le poisson en activité. Le bilan est de 11 départs pour 9 carpes sorties, dont une koï de 6.5kg et une miroir de 18.5kg. |