Nous sommes le 14 septembre. Je vais débuter une session de pêche d’une semaine, en m’installant sur une embouchure de rivière, sur le Rhône, au sud de Valence. Je ne connais pas les lieux, je vais partir à la découverte de ce milieu halieutique. A mon arrivée, je trouve l’endroit magnifique, sauvage et calme. Malgré un vent du nord soufflant violemment, qui ne va pas me faciliter la pêche, j’ai hâte de poser les cannes. Je traîne ma barque, charrie mon matériel sur une cinquantaine de mètres et monte mon biwi, pour me protéger du vent. Je connecte mon échosondeur et pars prospecter les fonds de cette rivière. Le lit est juste devant moi, à moins de 10m, avec 3m de fond. La deuxième partie du cours d’eau est moins profonde. Le niveau oscille entre 1.5 et 0.5m d’eau, à travers les herbiers de type « Potamot ». Mon plan de bataille est déjà établi dans ma tête. De retour sur la berge, je dispose mes cannes sur des piquets, pour exploiter un maximum d’espace. La session commence bien ! Je bois un coup, tranquillement assis sur mon level-chair. Soudain : plus de barque ! Avec le vent, le piquet n’a pas résisté. C’est la panique ! La barque est en train de dériver sur la bordure, avec mon échosondeur. Au plus vite, je prends une canne avec un plomb et cours sur le poste 50m plus bas. Par chance, le vent rabat la barque dans les roseaux. Je saute dans le bateau et le ramène au port. Après toutes ces émotions, je pose mes lignes à la rame, à la force de mes petits bras. Ma tactique est de dresser un barrage d’une rive à l’autre, pour intercepter le passage du poisson. J’esche : 2 lignes aux maïs, une au pellet et la dernière à la bouillette Scopex. J’enregistre le premier départ vers 2h du matin. La touche est violente, le détecteur hurle ! Il s’agit de la ligne déposée sur la berge d’en face, près d’un herbier, dans 80cm d’eau. Je pars en barque et slalome les obstacles pour prendre contact avec le poisson. Le combat est virulent, le poisson me promène de droite à gauche. Je sors une miroir de 12kg, piquée sur du maïs allégés. Je mets le poisson au sac de conservation, pour de belles photos. Vers 5h, la ligne redémarre. Même cinéma ! Après quelques minutes de combat, je sors une commune de 9.5kg. A 7h, la pluie fait son apparition. Vers 10h30, rebelote ! Départ sur la même canne ! Le combat est plus violent que les autres. Au bout d’un bon quart d’heure, je hisse dans la barque, une belle commune de 15kg. Je suis trempé, la pluie tombe sans interruption. A midi, j’ai la visite de Irwin. Nous allons pouvoir faire de belles photos. En fin d’après midi, je retends mes lignes en changeant de technique. Le poisson semble se nourrir dans très peu de fond, sur la berge d’en face. Je rajoute une ligne près d’un herbier, dans 0.8m d’eau. La pluie ne cesse pas de tomber, je patauge dans ma barque, en guise de piscine. Avec ce temps de mer… , je ne traîne pas à me coucher, comme les poules. Toujours avec la pluie, je suis réveillé à 6h, par un départ sur la canne de gauche. J’enfile mon imperméable et saute dans la barque avec la canne. Le poisson ne se laisse pas ramener facilement. Après quelques rushs, je sors une nouvelle commune de 14kg. La journée est calme, mis à part la visite de mon photographe, Irwin. J’en suis à plus de 30h de pluie non-stop, je commence à en avoir ras le bol ! Je tends de nouveau les lignes entre les gouttes. Cette troisième nuit est calme, pas un bip au petit matin. Enfin une bonne nouvelle, la pluie a laissé place à un beau soleil. Je revis ! Vers midi, juste avant l’arrivée de Irwin, j’ai un faux départ sur l’une de mes lignes tendues en face. Le poisson a traîné le montage sur 1m puis plus rien. J’occupe ma journée, à regarder les grenouilles gober les mouches, plutôt drôle ! La quatrième nuit, du jeudi au vendredi, j’enregistre un premier départ à 3h. Je sors une miroir de 12kg. Puis à 6h, je décroche une carpe coincée dans une souche. Un carassin et une brème viennent me déranger à 8 et 10h. Cela n’est pas possible ! La pluie reprend de plus belle à 10h. Avec une petite accalmie, nous en profitons pour faire une séance photo, vers 12h30. Pour ma dernière nuit, j’enregistre un départ à 22h, qui se solde par une casse dans les herbiers. Puis à 2h, j’ai une touche sur ma canne de droite. Le poisson a traversé pas moins de 3 herbiers, avec beaucoup de difficultés, je mets au sec une commune de 12kg. Au lever du jour, le temps est très humide. Irwin vient prendre les dernières photos avant de reprendre son travail. Je plie bagage vers 10h, la tente est trempée et mes vêtements sont plein de boue. Malgré un temps compliqué à pêcher avec sérieux, je suis satisfait de mon résultat. Le coin est très sauvage et les poissons sont magnifiques. Je reviendrai très rapidement prendre ma revanche face à cette nature pleine de caractère et de surprise. |