Je m'affaire à finir mon travail afin de ne pas arriver trop tard à la gravière. Je ne dois qu'effectuer une petite nuit et il va falloir ne pas la gâcher. La météo annonce des orages pour ce soir, le temps sera idéal pour multiplier mes chances de toucher du poisson. Il est vrai que les carpes ont plutôt tendance à se nourrir et à se déplacer lorsque les pressions atmosphériques chutent, ce phénomène favorise et améliore l'oxygénation de l'eau. J'arrive sur les coups de 16h00 et je me trouve tout seul sur le plan d'eau. Le mauvais temps annoncé à sans doute incité les pêcheurs à rester chez eux et tant mieux pour moi. Je me place face au vent du sud qui souffle depuis deux jours et commence le sondage minutieux des fonds bien que je connaisse déjà suffisamment le poste. Quelques petites variations de hauteur m'aident à positionner les cannes, je les place sur le bas des cassures ou ici des micro-cassures. J'ai remarqué que la plupart des départs se passent généralement ici sur cette gravière, pas les plus grosses carpes mais des touches régulières. J'ai roulé pour l'occasion des bouillettes de 18 mm sur du Mad Mix, riche en protéines digestes et à haute valeur nutritive, couplé à de l'arôme Yellow Pulp (4 ml au kg), composé d'un ensemble de fruits et à du Mapple Sweet (1ml au kg), arôme sucrant et stimulateur d'appétit. Je privilégie plutôt ces bouillettes pour les eaux chaudes car à mon goût le Yellow Pulp y trouve là son plein emploi. L'amorçage se fait avec parcimonie sur les trois spots, j'aviserais sur la quantité plus tard si je touche du poisson. Les nuages s'amoncèlent doucement et les premiers roulements de tambour retentissent au loin. Le vent commence à souffler fort et les éclairs sont maintenant au dessus de moi. Le ciel est noir et une impression de nuit s'est abattue d'un coup, l'orage risque d'être sérieux et je me mets à l'abri sous le biwy. Des trombes d'eaux s'abattent maintenant sur moi et les coups de tonnerre sont effroyables, pour une fois je ne brille pas trop sous la toile. Le vent est énorme et je suis heureux d'avoir une tente qui n'a pas trop de prise au vent et qui résiste tout aussi bien à la pluie. Il reste au dessus de moi de nombreuses minutes et j'ai l'impression qu'il ne faiblit pas. Il me faut attendre une bonne demi-heure pour avoir les premiers signes d'apaisement, l'écart entre les éclairs et le tonnerre grandit et me dit que l'orage s'éloigne, ouf !!! La pluie diminue aussi et dans quelques temps je pourrais enfin sortir de mon abri de toile. La pluie cesse et c'est des instants comme çà qu'il ne faut pas louper, les couleurs après l'orage sont extraordinaires et bien souvent les carpes mordent dès que les dernières gouttes sont au sol. Je n'ai pas le temps de sortir complètement de la tente qu'un de mes swingers se colle à la canne, un départ monstrueux. J'empoigne la canne en confiance car l'orage est assez loin et commence à travailler le poisson. Je combats quelques instants et la pluie décide de faire son retour, je suis mouillé jusqu'aux os car mon habit imperméable est resté lui à l'abri dans le biwy. Tant pis, je tiens un poisson et tout le reste est superflu dans ces moments là, je n'avais qu'à prévoir avant. Le poisson se débat comme un beau diable au bout de la ligne et il me faut du temps pour le ramener. La carpe arrive enfin jusqu'à l'épuisette et c'est une commune moyenne qui m'aura donné du fil à retordre. Je remets consciencieusement la belle à l'eau et replace correctement ma ligne et effectue un léger rappel pour que les carpes trouvent encore pitance sur le coup. Deux heures plus tard c'est une canne proche de la précédente qui déroule, le combat est un peu moins intense mais je me fais plaisir à prendre un poisson juste avant la nuit. Sur le tapis de réception repose une jolie miroir qui ne demande qu'à grossir. Cette nuit s'annonce bonne si les carpes continuent à se nourrir si joyeusement. Je prends un bon repas et commence tout doucement à prendre la direction du duvet quand un détecteur s'emballe. Le poisson n'est pas très gros et moins combattif que les deux autres mais cela fait déjà trois départs en moins de quatre heures. Le ratio est assez sympathique et je suis ravi de la tournure des événements pour le moment. La nuit sera des plus agitée car les départs s'enchaînent à raison d'un toute les heures, à ce rythme là je ne vais pas être frais demain matin. Tant pis je suis là pour pêcher et le reste sera pour plus tard, je me reposerais au travail. Les poissons ne sont pas très gros mais qu'il est agréable de toucher du poisson, il y a des jours avec et des jours sans. Il est déjà 6h00 et les carpes semblent avoir quelque peu déserté la zone, j'en profite pour faire une petite grasse matinée car je dois plier vers 9h00. Le soleil vient me caresser doucettement le visage par la porte restée entre-ouverte et m'indique qu'il est temps de me lever, la pêche de la carpe nous apporte des moments inoubliables et difficilement réalisable lors d'autres activités. Avant de partir, je fais un rapide bilan de cette session en feuilletant les captures de la soirée et de la nuit, 12 départs pour 12 carpes. La moyenne dépasse de peu les 6 kg mais je suis assez content du résultat. Les bouillettes avec une action plutôt rapide ont joué parfaitement leur rôle dans ces eaux chaudes du mois d'août. La simplicité de la recette n'entrave guère ses qualités, nul besoin de superficiel et de poudre de perlinpinpin pour prendre du poisson. Il ne faut que du concret pour les carpes. |