En ce samedi de février, nous arrivons sur les rives du mythique lac de Saint-Cassien. L'excitation est à son comble car nous avons longuement préparé cette session : dernières informations sur le niveau des eaux, examen des prises effectuées durant le dernier mois, discussions pour choisir le bras adéquat pour démarrer la session, réflexions sur les stratégies de pêche, préparation des bouillettes, sélection des pellets et graines, ...
Le moral est au mieux. Le niveau d'eau est au plus bas, la pression de pêche n'est pas très élevée et le temps à l'air de se maintenir au beau. Nous embarquons à la jonction des bras Sud et Ouest pour une prospection en règle des premiers postes se trouvant sur notre passage. L'écho sondeur est en route, les premiers gros échos se font entendre (silures, brochets ou carpes, nous ne savons pas!). Après trois bonnes heures passées sur l'eau, notre choix va se porter sur le poste du Virage, à la limite du bras sud et du bras Ouest, un nombre imposant de bancs de poissons semblant s'y trouver sur la durée.
Une recherche approfondie des fonds et des obstacles est faite sur le secteur, 3 repères sont placés décrivant un triangle qui délimitera notre zone de pêche. Les profondeurs sont comprises entre 6 et 22 mètres, de nombreuses souches et autres difficultés hantent le sol. La température de l'eau est d'environ 9°C, la pêche va donc être ardue.
L'installation est terminée et la préparation des montages commence enfin. Une pêche à 3 cannes sera pour moi amplement suffisante, rien ne sert de surcharger le poste avec des tas de lignes tendues; elles ne feront qu'effrayer un peu plus le poisson. La première sera eschée avec une seule bouillette de 14 mm au Frolic épicé avec un chapelet de quelques autres sur fil soluble et elle sera placée dans 18 mètres d'eau à coté d'une belle souche; le montage étant assez simple, l'hameçon sera un n°4, la tresse est quant à elle fine, souple et d'une résistance élevée à la traction (d'après les indications inscrites sur la bobine), d'un plomb in-line de 100 gr et d'un anti-emmêleur plombé de 50 cm.
La deuxième aura comme appât une bouillette Monster-Crab de 18 mm trempée dans un booster du même parfum et accompagnée de pellets au poisson, mise à une profondeur 12 mètres; le montage sera identique au premier sauf pour le bas de ligne et l'hameçon, il sera composé de Quicksilver en 25 lbs et d'un n°2. La troisième et dernière canne sera mise sur la bordure, 7 mètres d'eau, avec un tricheur composé d'une noix tigrée et d'une bouillette de 14mm au Scopex, une poignée d'un mélange de diverses graines servira d'amorçage; la terminaison se fera avec un fluorocarbone de 35/100 et un hameçon à oeillet sortant n°2.
Un bon repas et nous voilà dans les bras de Morphée. L'attente ne sera pas très longue avant le premier départ, il est 23h00 et une série de bips espacés sur la première canne nous sortent du duvet. Le poisson est piqué et la prise de contact est faite, la canne cintre, c'est bien une carpe. Mais à peine ai-je eu le temps de me réjouir que c'est la casse, la tresse récemment achetée m'a trahi; elle n'était pas vraiment adaptée à la situation, la souche ayant eu le dernier mot (je n'ai pas testé la résistance à l'abrasion avant de partir, tout est de ma faute), les railleries de mes collègues tout au long de la saison seront là pour me le faire repenser; j'ai peut-être loupé le poisson de ma vie.
Je refais cette fois-ci un montage avec un bas de ligne sérieux et ayant fait ces preuves (Merlin 25 lbs), la canne est de nouveau à l'eau avec le même appât. A peine le temps de retrouver le sommeil que le détecteur de la deuxième canne entonne un joli chant, j'arrive au rodpod et là plus rien, décrochage. La malchance est sur nous car le montage et l'hameçon avaient été maints fois testés sur d'autres destinations avec succès. Le restant de la nuit restera malheureusement calme hormis une brème pour mon collègue au petit matin.
Les 3 jours suivants seront très calmes, les différentes esches proposées ne plaisant malheureusement pas aux carpes (scopex, poisson, lupin, flottante, boostage, trempage, ...), tout y sera passé. Après quelques observations, grâce à l'écho sondeur, nous savons que les poissons disparaissent du poste de 9h00 à 16h00. Où vont-ils ? Que font-ils ? Ils reviennent néanmoins toutes les nuits sur notre poste. Ne serait-ce qu'un lieu de couchage ?
Lors du quatrième jour, nous opérons un changement de tactique : si les carpes partent la journée, c'est que la nourriture naturelle ne doit pas être présente ou suffisante, à nous de leur en proposer! Le triangle formé en début de session se verra amorcé de graines, pellets et bouillettes de toutes sortes, afin d'inciter les poissons à rester pour se nourrir. Cette modification de notre tactique ne sera pas plus couronnée de succès! Mais un brutal bouleversement météo et des pluies diluviennes s'installant jusqu'à la fin de la session avec des températures en baisse, les conditions atmosphériques changeantes fermeront définitivement la bouche des poissons, brèmes comprises. Et les eaux continueront de monter à une vitesse ahurissante : quelle bonne idée nous avions eu de suivre les conseils de ne pas nous installer trop près du bord en début de session, contrairement à d'autres pêcheurs qui se réveilleront avec les pieds bien humides!
Cette session ne s'est pas vraiment déroulée comme nous l'avions espéré. Les brèmes ne contentent pas les carpistes, en sachant que sous l'eau rodent des carpes hors normes! Cependant, nous avons encore engrangé de précieuses informations sur l'écosystème et les poissons du coin. Nous prenons immédiatement rendez vous pour une prochaine session afin de prendre notre revanche sur ces poissons trophées qui hantent ce magnifique lac. Et toute cette expérience accumulée s'avèrera payante!
Pour plus d'informations ou pour un échange sur cet article, n'hésitez pas à me contacter. Je vous répondrais dans les meilleurs délais.Sébastien
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